A Copenhague, la grande braderie de l'Union européenne

Publié le par Attac Montélimar

À Copenhague, la grande braderie de l’Union européenne

Alors que la COP15 s’approche de l’échéance, l’Union européenne revendique son rôle de leader du climat mais revoit ses promesses à la baisse.

Lors d’une conférence de presse tenue hier au Bella Center, l’Union européenne a douché les espoirs des plus optimistes, ou des plus crédules, quant aux positions qu’elle tiendra dans la dernière ligne droite de négociations à Copenhague.


Alors qu’elle était initialement favorable à la préservation d’un accord contraignant qui assignerait une seconde période d’engagements de réduction d’émissions aux pays industrialisés, l’UE se range de fait aujourd’hui derrière la position des États-Unis qui refusent un traité contraignant pour les pays riches. Et ceci en opposition avec les demandes renouvelées du G77 et de la Chine, soucieux d’obtenir des garanties explicites de la part des pays riches qui ont trop souvent manqué à leurs promesses (Objectifs du millénaire, lutte contre le sida, lutte contre la faim) ou qui reprennent de l’autre main dix fois les sommes dérisoires concédées à force de harcèlement (remboursement de la dette, évasion fiscale par exemple). Pour se justifier l’Union européenne avance l’argument qu’elle ne peut être seule à s’engager alors que les États-Unis ou l’Australie resteraient en dehors de tout système contraignant.

Elle a également annoncé qu’elle s’engagerait sur une diminution des émissions à hauteur de 23% entre 1990 et 2020. Elle semble donc avoir abandonné la promesse de passer à 30% de réduction si d’autres pays s’engageaient, alors que les propositions nouvelles du G77, appuyées sur les recommandations scientifiques, se chiffrent à 52% de réduction d’émissions entre 1990 et 2017. Le G77 propose une réduction de 80% pour 2030 et 100% en 2050, ce qui correspondrait à un réchauffement de plus 1,5° maximum.

Enfin l’Union européenne propose un financement d’urgence de 2,4 milliards d’euros d’ici 2012, ce qui soulève la colère des pays du Sud, qui ne demandent pas la charité mais la reconnaissance d’une dette écologique. Aucune solution de financement à long terme n’est par ailleurs avancée. Cette faiblesse des financements publics illustre la priorité donnée aux marchés du carbone pour assurer le financement de la lutte contre le changement climatique.

Attac reste opposé aux marchés du carbone, car ils sont inefficients et contre-productifs. Ils offrent de nouvelles opportunités de spéculation aux acteurs de la finance. Et grâce aux mécanismes de compensation, ils permettent aux pays riches d’atteindre leurs objectifs sans rien changer à leurs modèles de développement.

L’Union européenne a joué un rôle important au moment de la signature du protocole de Kyoto, et continue de revendiquer une auréole de leader dans la lutte contre le changement climatique.

Nous appelons donc les États membres à se ressaisir et à écouter ceux pour qui le changement climatique n’est pas une abstraction mais une réalité vécue au quotidien, alors qu’ils n’en sont pas responsables.

Attac France, le 15 décembre 2009
http://www.france.attac.org/spip.php?article10596
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